"Mais que faire alors, si la fonction évidente et unique de tout homme intelligent c'est de bavarder, c'est à dire de transvaser sciemment du creux dans du vide ?" F. Dostoïevski
Invitée à la conférence au Palais des Congrès de Strasbourg ce jeudi 26 septembre comme Le petit jaunais, je choisi d’intervenir dans l’activation d’un avatar : le reuse.
Le reuse, en français, un masculin féminin. Reuz, terme breton (avec la phonétique française), feu d’artifice, bazar, bruit, tapage En anglais, re-use. Un(e) r(e)use franglais.
Où l’on considère que l’estampe, les multiples s’expriment et se
répandent par leurs nombres, leurs régénérations possibles est un
nouveau destin ; ici, la chaire de reuses. Le reuse est une
sculpture à activer (marionnette), machine amoureuse, exposition
totémique, volume d’ectoplasmes pour une improbable monographie : Nancy
Sulmont-A. heureuse Certains reuses, peuvent atteindre 3 mètres de hauteur, les petits reuses se concentrent dans 20 à 30 cm.
Penser la production et la création, son usage, sa perception dans la durée. Il renouvelle la collaboration.
Le reuse en partance.
Au Palais des Congrès de Strasbourg, échauffement avant la conférence sur « Les défis de l’estampe contemporaine », le reuse Avastart court après le « Green » de Jean Fléaca. Saisi par Daniel Depoutot pour NSA
Depuis quelques années mon parcours de lithographe éditeur et imprimeur, artiste en édition m’a permis de développer des collaborations avec de nombreux artistes mais aussi des publics néophytes de toutes les générations. Il se poursuit actuellement avec des formalisations quelque peu inattendues : les imprimés, dessins ou peintures voir textes sont façonnés en costumes de fictions qui m’habillent pour des performances. Plus récemment j’ai créé des grandes sculptures de papier, que j’ai promené dans l’espace public au moyen de perches : des marionnettes pourrait-on dire. J’ai pu éprouver dans des lieux tels que cité psychiatrique, supérette, résidences d’artiste, la pertinence, l’intérêt de ces objets artistiques fascinants : apparente fragilité, singularité, capacité à l’évocation, subtilité et richesses des matériaux, légèreté et sensibilité, accessibilité Partager ce parcours et ce travail du papier et des images avec les résident.e.s et les personnel.les de la Maison de retraite Les Jardins de la Chénaie apparait comme une idée riche et joyeuse pleine de perspectives.
les 6, 7 et 8 septembre 2019, Multiple Art Days , à l’École internationale des métiers de la culture et du marché de l’Art, IESA, Cité Griset – Oberkampf 75011 Paris
le salon des pratiques éditoriales contemporaines
je présente de la lithographie en trois dimensions avec d’exquis cadavres :
Vue par Katy Couprie
IDOLL, l’ « art contemporain » hybridé avec Philippe Cognée ; POTRIE shibari et furoshiki, porcelaines bien lithocrabouillées, ficelées et cuites avec la complicité de Bénédicte Vallet ; REUSE, les sculptures de papiers de mes archives.
pour la pendaison de crémaillère de son nouvel atelier-maison, Jean Attali m’invite avec les sculptures de papier REUSE
le 21 juillet 2019, 24 rue de la Gare à Machecoul
Jean Attali est un artiste, peintre graveur, promoteur infatigable de la gravure. Il vient de quitter Paris-Bastille et s’installe à Machecoul. Un personnage important dans mon parcours de lithographe-volante à Paris avant même la création du petit jaunais.
par F. Boisrond, édition Le petit jaunais, 1994
Je me présente à sa nouvelle villa Anne en brandissant au bout d’une perche un Reuse gesticulant. Jean Attali m’intègre dans son exposition prévue dans 3 semaines pour l’inauguration de sa maison déjà remplie à craquer de milliers de peintures dessins gravures objets.
Un étonnant retour des choses et des personnes. Les reuses sont construites avec les archives de mes lithographies, celles là même ont souvent été dessinées et imprimées dans des lieux improbables. Dans les années 90, galerie et salons où il m’a généreusement accueillie : rue St Antoine dans le 11ème en pleine crise économique ou à l’occasion des salons du vieux papiers. Les artistes, Robert Combas en tête de gondole, Paella Chimicos ou Monique Josse bataillant avec l’encre et s’activant au dessus des paperasses…
Très touchée par cette invitation et heureuse donc de retrouver cette vieille branche et ses camarades de jeu à quelques kilomètres du petit jaunais. Je lui pique son stock de gravures à la machine, un avatar en « Pharaon » .
Paella Chimicos sera la vedette au café le Fair Play à partir du 18 juillet (avec une performance en sérigraphie le 20) et chez Joakim Attali au 19 rue de la gare.
La Pratique est une fabrique artistique située à Vatan dans le Berry. Cécile Loyer chorégraphe y accueille des résidences d’artistes pluridisciplinaires.
Cet été 2019, cinq artistes en invitent cinq autres pendant une semaine.
L’espace du chais et ces partages de temps de travail avec mes voisins vont me permettre avec Katy de développer mes sculptures de papier, les REUSE dans des formes inattendues.
Nous mêlons nos archives de lithographies et de gravures, des dessins et peintures réalisés in situ, pour élever des volumes articulés par des soufflets en tissu, tricot, cousus de fils à la main et à la machine : six géants émergent petit à petit de ce foutoirs d’atelier improvisé.
Mes nouveaux amis se proposent pour un défilé de ces presque marionnettes.
Suspendus à des perches, ils, elles les font déambuler frétillants autour du giratoire arboré de cette ancienne entreprise. Au milieu du public. Et finalement les grands corps souples sont accrochés aux hauts plafond du chais. Introduction à la présentation des différents travaux en cours des protagonistes de cette résidence : lectures, installation de textes, impro de musique, chorégraphie, peintures murales… (le petit bonhomme de César s’est glissé dans la fête)
Pour le troisième épisode de la Gazette des ménages, notre duo avec Caroline de Grandpré s’installe pour une deuxième session à la supérette de Chavagnes-en-Paillers, ainsi « Faire les courses ».
Au printemps 2019, nous entamons des suites de dessins et peintures entre les rayons de lait, fruits et légumes et surtout devant la plantureuse et fameuse vitrine d’Eric, le boucher de Chavagnes.
Premier WE de juillet 2019, nous amenons deux grandes sculptures de papiers CAROUFF & CRAFOUC . Le dessin de Caroline propose un client et son grincheux de fiston. Ils sont habillés de mes graphismes. Au bout de baguettes, ils vont accueillir sans discrétion et parfois accompagner quelques clients.
Une escapade survoltée à l’école primaire voisine va surprendre et exciter joyeusement les écoliers à la veille de leurs vacances.
Dans notre atelier improvisé submergé ponctuellement par des effluves chaudes et odorantes qui s’invitent par la porte automatique, nous fabriquons quelques petites effigies de papiers cousus aux mêmes motifs. Un nouveau rayon Poupettes s’expose à la vente ; elles font quelques heureux.
La troisième session se déroule à la boutique éphémère, Le moulin créatif à Montaigu (85).
CRAFOUC, CAROUFF et les poupettes aux noirs peu décoratifs, un rien envahissants, n’y resteront que quelques jours.
sculptures et objets réalisés avec les pièces en porcelaine lithographiée produites avant et pendant la résidence d’artistes avec Bénédicte Vallet à la Grange Dîmière (38)
avec des modes de construction non-exclusifs précisés par la couture, assouplis par l’intégration de matériaux-tampons, prolongés par le papier, structurés par le fer, …
collages (sans ou avec glu)
jeux de paradoxes
confusions des matières
fouillis graphiques
tension filaire, au bord de la cassure
ces sculptures sont des élévations, en suspension, posées, en équilibre précaire, déroulées, affabulés…
elles sont confinées dans des « emballages-paysages » polyptyques en papiers, toiles dessinés cousus, parfois imprimés
une résidence d’artistes partagée avec Bénédicte Vallet du 28 avril au 4 mai 2019 à la Grange Dîmière, c’est aussi le lieu de l’exposition de son travail d’artiste céramiste.
ce titre a été motivé par l’imposante proximité du lac Paladru (38) prétexte aux sujets, matières, couleurs, formes de nos échanges dont le point d’orgue est la réalisation d’une installation Paladrome.
alliance de la lithographie et de la porcelaine pour dessiner une arborescence en papiers végétales et minérales.
les encres lithographiques associées aux colorants de céramique sont mises à l’épreuve de l’eau et du feu.
résidence d’artiste à l’EPSM Val de Lys – Artois mars 2019
AU SUJET DU CORPS Questionner les œuvres d’art, leurs espaces d’exposition, les moyens de leurs créations de leurs diffusions. Y répondre en plaçant au centre, le corps, sa présence sentie ou ressentie, sa représentation, ses capacités, sa sensibilité, son énergie ? Les costumes de fiction(s) sont des volumes de papiers dessinés, imprimés, cousus. Ils sont des véhicules, au service de la création artistique (faire et montrer) que le corps se charge d’activer. Dans le contexte d’une cité psychiatrique, ce concept quasi médiatique, au delà de la joie qu’il procure souvent, peut se vivre comme une matière pour mettre en scène les corps et les esprits qui s’y trouvent. Le costume, le phare du corps ?
UN ACCUEIL HUMAIN MOTIVÉ – Une expérience soutenue par un comité de sélection d’une dizaine de professionnels médecins, infirmiers, administratifs – Une personne référente m’accompagne tout au long du séjour.
LES LIEUX Dans les établissements publics de Santé Mental sur plusieurs sites répartis dans le Val de Lys – Artois (Pas de Calais). ITEP de St Venant Institut Thérapeutique Educatif et Pédagogique ouvert aux enfants, la MAS de Béthune, Maison d’accueil spécialisé pour les handicapés physiques et mentaux, hôpital psychothérapeutique de St Pol sur Ternoise et St Omer.
PRÉSENCE ARTISTIQUE RENCONTRER tous les publics internes ou externes, professionnels administratifs, soignants, techniques, soignés, visiteurs. Les rencontres sont multiformes, organisées, spontanées, formelles ou informelles… – L’intégration, parfois l’incorporation dans les nombreuses activités préexistantes sont des postures jubilatoires. ÉCHANGER – Les sollicitations et invitations virtuelles offertes à l’autre par les voies matérielles ou virtuelles … – Une pédagogie discrète organisée par le potlatch (don, contre-don)… – Des relations singulières se sont spontanément installées. MONTRER – Une exposition ponctuelle légère et surprenante d’œuvres des éditions Le petit jaunais sur la thématique du corps. – Un évènement, « Le RDV des crabouilleurs » a rassemblé nombre dessinateurs. – La ballade d’un mannequin habillé des dernières nouveautés dans les halls. – Une activité visible, partagée ou mise à disposition des différentes populations. – Le recul enrichissant d’un cinéaste° venu faire un documentaire sur ma présence.
MOYENS ARTISTIQUES Une pratique artistique vécue au quotidien performative, mobile, évolutive, productive où les contextes sont sources d’inspiration. Le travail des volumes simples et familiers : robe, tunique, costumes de bain, chapeau, bas, Le travail de l’image par le dessin, la peinture, le monotype, la photographie, la conception graphique… « Le manuel de crabouillage » ** a été largement distribué. Son accueil a été salué par la création d’une « Palette à crabouiller » ergothérapeutique. Le costume de fiction (quasi médium) fait ou à faire, porté en toutes occasions. Évocation et invocation des vêtements de chacun comme des signes, signaux puissants. Mes compétences techniques avec des outils ergonomiques accessibles à tous.
EN GUISE DE CONCLUSION Quatre semaines denses et déjà écoulées… Une expérience très positive qui a été saluée par le comité de sélection et des patients enhardis. Initiant quelques belles envies de suite, d’approfondissement, de développement de part et d’autres.
REMERCIEMENTS Pour la confiance qui m’a été accordée. Pour la confiance dont a bénéficié Valérie Bocquillon (qui m’a accompagnée d’un bout à l’autre. Permettant à de nombreuses portes matériels ou symboliques de s’ouvrir.
Nancy Sulmont-A.
Accés au film réalisé par Jean-Louis Accettone pour la DRAC et l’ARS Hauts de France en cliquant sur le visuel ci-dessous
: un manteau, une veste aux motifs de la série TONER, une robe couleur et graphisme de la suite NOISE ;
portés à l’occasion du vernissage de MAD (Multiple Art Day), à la Monnaie de Paris, l’exposition NOISE au petit jaunais à Nantes, pour une visite de l’exposition « C Bâle » des peintures de Philippe Cognée, à Saint Gratien, en 2018